Le coût de l’inaction face au vieillissement
Notre pays vieillit. Entre 2020 et 2030, le nombre des 75-84 ans va déjà bondir de 48 %. A partir de 2030, le vieillissement de la population va être exponentiel. En 2050, 5 millions de personnes auront plus de 85 ans – contre 2 millions actuellement. Cette transformation inexorable de la société aura des conséquences multifactorielles majeures – sociales, territoriales, économiques, sanitaires.
Pour autant, les gouvernements repoussent sans cesse la réforme structurelle nécessaire pour accompagner le vieillissement et non le subir. Depuis 2007, tous ont promis une loi ambitieuse sur le Grand âge. En vain. La loi de programmation inscrite dans la loi « Bien vieillir1 » pour 2024, n’a toujours pas vu le jour.
Cette inaction a un coût : humain d’abord, économique ensuite. Le gain d’un an d’espérance de vie sans incapacité permettrait à lui seul à l’Assurance maladie d’économiser environ 1,5 milliard d’euros par an selon la Cour des comptes2. De plus, notre secteur en subit déjà les conséquences. Qu’il s’agisse d’Ehpad, de services à domicile ou d’habitats intermédiaires, leur santé financière et RH est critique :
- Plus de 65 % des ESMS estiment qu’ils termineront l’année 2025 en déficit, avec un déficit moyen de 209 000 € (en 2024, 54 % avaient terminé l’année en déficit avec en moyenne 131 000 €) ;
- 51 % manquent actuellement de personnel3 ;
- le turn-over du personnel est massif et le nombre d’arrêts de travail 142 % plus élevé dans le secteur de l’aide et du soin à la personne que dans la moyenne des autres secteurs.
L’appel des fédérations et organisations
Sans mesures fortes, nous assisterons au paradoxe dramatique d'une réduction de l'offre d'accompagnement à destination des personnes âgées, au moment où elle devrait s'amplifier. Le Collectif appelle donc l’État à respecter ses engagements législatifs et républicains et à :
- construire une réforme ambitieuse avec une loi de programmation pluriannuelle d’ici fin 2026,
- porter l’effort national pour l’accompagnement du grand âge à 1,6 % du PIB – soit 11,5 milliards d’euros supplémentaires par an – afin d’aligner la France sur la moyenne européenne.
Cette réforme doit s’articuler autour de cinq piliers :
- garantir la liberté de choisir son lieu de vie et son accompagnement en fonction de ses besoins,
- avoir des professionnels en nombre suffisant, formés et reconnus. A ce titre, 100 000 recrutements supplémentaires seront nécessaires d’ici 2030,
- garantir l’accessibilité financière des Ehpad, services à domicile et habitats intermédiaires, afin d’éviter tout renoncement,
- renforcer les dispositifs de prévention de la perte d’autonomie et le repérage des fragilités,
- adapter les territoires et les infrastructures – transports, logements – au vieillissement.
L’accompagnement du vieillissement de notre pays n’est ni un marqueur partisan ni une querelle d’experts : c’est un choix de société.
1 Loi n° 2024-317 du 8 avril 2024 portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir et de l'autonomie
2 Rapport « La prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées », Cour des comptes, novembre 2021
3 Source : enquête FNADEPA, octobre 2025
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