Lettre ouverte au Premier ministre

"La gravité de la crise qui touche nos jeunes impose de prolonger la Grande cause nationale pour la santé mentale et la psychiatrie pour l’année à venir"

Date de publication : 27 Novembre 2025
Prolongation de la Grande cause nationale pour la santé mentale et la psychiatrie : la victoire d’une mobilisation large, au service d’une urgence de santé publique !

Grâce à l’action de nombreux professionnels et représentants de l’écosystème de l’hôpital et de la psychiatrie publique ces dernières semaines, le Gouvernement a entendu notre appel et a décidé que la santé mentale des jeunes serait la priorité de l’année 2026.

Ensemble, restons mobilisés pour que cette cause juste soit non seulement mise à l’agenda public mais se traduise également en actions et en moyens suffisants sur le terrain, pour les patients et leurs proches.

Découvrez notre lettre ouverte :

Monsieur le Premier ministre,

 

Dans quelques semaines, la page de la Grande cause nationale 2025 dédiée à la santé mentale se tournera. Pas la souffrance silencieuse qui touche tant de nos compatriotes.

En un an, les lignes ont bougé. Grâce aux prises de parole courageuses de personnalités et d’anonymes, la santé mentale s’est faite une place, des plateaux de télévision jusqu’aux conversations du quotidien. La déstigmatisation avance et, pas à pas, les malades relèvent la tête et osent demander de l’aide. Les pouvoirs publics se sont aussi mobilisés, avec une campagne de communication inédite et un plan plus que bienvenu sur le renforcement de la prévention.

Mais tant reste à faire. À l’hôpital, le manque d’effectif se fait toujours ressentir, et les services de psychiatrie restent saturés. Aujourd’hui, un quart des postes sont vacants dans près de la moitié des établissements publics. Les centres médico-psychologiques (CMP) publics connaissent également de grandes difficultés, notamment pour répondre aux besoins de soins non programmés et aux attentes d'avis demandés par les médecins généralistes, qui sont eux-mêmes sursollicités, parfois désemparés. 

Du côté des patients, cela se traduit par un accès aux soins toujours plus difficile : 40 % ont déjà été dans l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous. Sans parler de la question du coût financier des consultations, qui conduit de nombreux malades à renoncer aux soins. Et les difficultés ne s’arrêtent pas là ! Près d’un quart des patients faisant l’objet d’un suivi ont été touchés par les pénuries de médicaments intervenues ces derniers mois.

L’urgence pour la psychiatrie n’a pas disparu, elle s’aggrave même, en particulier pour les jeunes. C’est pourquoi nous vous demandons non seulement de reconduire cette Grande cause pour l’année 2026, mais aussi de la dédier à la santé mentale de nos jeunes.

La gravité de la crise qui les frappe demande une action de toutes et tous. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, le recours aux soins hospitaliers chez les 5-19 ans était supérieur aux attendus de 32 % pour les séjours de médecine pour pathologie psychiatrique, et de 25 % pour le champ toxicologie, intoxication, alcool. Au global, un tiers des 11-24 ans déclare des signes de détresse psychologique de type anxio-dépressif modéré à sévère d’après une étude inédite de Santé Publique France conduite sur 17 000 jeunes pendant plusieurs années.

L’isolement social persistant, la pression scolaire et professionnelle, l’incertitude sur l’avenir, les difficultés économiques, les conséquences encore visibles de la crise sanitaire sont autant de facteurs qui minent nos jeunes à un âge où ils devraient rêver, expérimenter, se construire. 

Nous avons le devoir d’agir. Si nous échouons à les protéger, à créer les conditions de leur épanouissement psychique et mental, alors nous aurons failli en tant que société. Alors nous aurons sacrifié notre futur à l’indifférence.

Les professionnels de santé, les associations, les familles, les collectivités locales et tous les acteurs sont prêts à agir. Il faut que la Nation impulse cet élan.

Monsieur le Premier ministre, nous avons le choix. 

Fermer les yeux sur une crise silencieuse qui ronge notre pays de l’intérieur, ou faire de 2026 le moment où nous agirons à la hauteur de la détresse de notre jeunesse.

 

Pour signer la lettre ouverte : ICI

 

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