Répondre à l’urgence, construire l’avenir Agissons pour la santé mentale et la psychiatrie !

Communication
Journée d'échanges
Date de publication : 7 Juillet 2025 (Mis à jour le 8 Juillet 2025)
Déstigmatiser la maladie psychique. Faire mieux connaître la psychiatrie. Proposer des solutions concrètes pour agir face à l’urgence de santé publique. Le 3 juillet 2025, psychiatres, pédopsychiatres, patients, directeurs, journalistes et représentants d’association se sont réunis autour de ces enjeux au GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, lieu d’histoire et d’espoir, à l’initiative de la Fédération hospitalière de France, en cette année de grande cause nationale pour la santé mentale et la psychiatrie.

Comme l’a rappelé Zaynab Riet déléguée générale de la FHF en introduction : « agir pour la psychiatrie c’est agir pour la dignité. Pour l’égalité. Pour la santé de toutes et tous. Pour un état d’égalité et de droit ». Et aujourd’hui, « cela ne va pas bien, et cela va encore moins bien que ce que vous pensez » a déclaré en introduction des débats le Pr Bruno Falissard, Psychiatre, professeur de biostatistique à la faculté de médecine Paris-Saclay, Directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de l’Inserm. « Deux âges, en particulier sont en grande tension : les adolescents et jeunes adultes d’une part, la population âgée d’autre part » a pointé Guillaume Couillard, Directeur général, GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences.  

Zaynab RIET, Déléguée générale, FHF

« Il est temps de changer de regard sur la psychiatrie, de dépasser les idées reçues, de reconnaître à cette discipline médicale la place essentielle qui est la sienne dans notre système de santé. »

Guillaume COUILLARD, Directeur général, GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences

« La grande cause nationale est un moment d’écoute politique, d’audience nationale, d’écho médiatique. C’est une belle opportunité pour la déstigmatisation et l’accès aux soins. »

Pr Bruno FALISSARD, Psychiatre, Professeur de biostatistique à la faculté de médecine Paris-Saclay, Directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de l’Inserm

« L’avènement de la santé-mentalisation constitue un grand changement dans notre société. Or pour un soignant, avoir à prendre en charge la santé mentale, concept qui dépasse le champ médical proprement dit, pose un problème éthique. »

Alors que faire pour que ça aille mieux ? Dépistage précoce, accessibilité, structuration des filières de soins dans les territoires, attractivité, formations des soignants, déstigmatisation, les sujets sont multiples et complexes. Le besoin fort d’un cap politique clair et la nécessité de créer une délégation interministérielle dédiée à la psychiatrie ont été réaffirmés par le Dr. Sylvie Peron, psychiatre au CH Henri-Laborit de Poitiers (Vienne), présidente du groupe de travail FHF sur la psychiatrie, lors de sa présentation des propositions de la FHF « répondre à l’urgence et bâtir l’avenir de la psychiatrie »

Dr Sylvie PERON, Psychiatre au CH Henri-Laborit de Poitiers (Vienne), Présidente du groupe de travail FHF sur la psychiatrie

« La gravité de la situation post-Covid nous a alertés collectivement. Il est indispensable de fixer un cap clair pour la psychiatrie, d’assurer une cohérence entre les besoins réels, et les moyens alloués. »

Le programme “LA TÊTE HAUTE”, porté par la FHF en partenariat avec la Casden et le Service d’information du gouvernement, a ensuite été présenté. Cette campagne inaugurée le 2 juillet à la galerie Fisheye à Paris donne à voir et à entendre sept témoignages et morceaux de vie de patients, soignants, aidants, capturés par l’objectif de la photographe engagée Charlotte Abramow. Pour parler autrement de la psychiatrie, de celles et ceux qui l’incarnent au quotidien, et déstigmatiser.

Renaud MIMIN, Directeur des Partenariats et Relations Institutionnels, CASDEN Banque

« Nous espérons que la campagne « LA TETE HAUTE » pourra permettre de revaloriser la psychiatrie publique en France et de renforcer l’attractivité de cette discipline. »

Martin MIME, chef de pôle – partenariats, service d’information du gouvernement

« Nous avons un double objectif : libérer la parole, accompagner, amplifier les prises de parole d’une part. Transformer, changer les imaginaires sur la maladie mentale d’autre part. »

La matinée s’est poursuivie avec deux tables rondes, la première portant sur la stigmatisation, la seconde sur la santé mentale des jeunes. Des messages forts ont été partagés, notamment sur la nécessité de politiser la question de la santé mentale, la place incontournable des médias pour (mieux) traiter ce sujet (avec des démarches innovantes comme le podcast Folie Douce ou le festival Pop and Psy), et les préjugés encore persistants sur cette spécialité dans les études de médecine. Lors de la seconde table ronde, Flavie De Diesbach, patiente, membre de la Maison perchée, a livré un témoignage sensible et émouvant sur son parcours, les obstacles rencontrés, les réussites. La clé ? L’écoute des personnes concernées et de leurs proches, l’accompagnement, notamment par des associations de pair-aidance, mais aussi la prévention et la sensibilisation dès le plus jeune âge. La jeune femme a également insisté sur l’importance du diagnostic, étape qui lui a permis d’avancer, de se sentir légitime, d’être elle-même.

Il ressort de l’ensemble de ces échanges un réel enjeu de formation des professionnels, mais aussi des médias, et une nécessité de coordination des soins, permettant d’accueillir celles et ceux qui en ont besoin.

Lauren BASTIDE, Journaliste, créatrice du podcast Folie douce

« J’observe aujourd’hui avec la psychiatrie l’émergence d’une prise de conscience collective, comparable, selon moi, au coup de tonnerre « me too », il y a huit ans. »

Dr Jean-Victor BLANC, Médecin psychiatre à l’APHP et fondateur Culture Pop and Psy

« Quoi que la science découvre à l’avenir, sans soignants nous ne pourrons rien faire. La nouvelle génération d’étudiants en médecine refuse la stigmatisation. C’est salutaire, et j’espère que cela va susciter des vocations. »

Victor DHOLLANDE, Journaliste santé, Radio France

« Les médias ont une place très importante pour la déstigmatisation. Les journalistes doivent être formés, notamment à la prévention au suicide, intéresser, et redoubler d’esprit critique. »

Claude FINKELSTEIN, Présidente de FNAPSY

« La santé mentale est la porte d’entrée de la psychiatrie. La psychiatrie fait peur. La santé mentale permet de prévenir, informer, dépister. C’est un bel outil de déstigmatisation. »

Flavie DE DIESBACH, Patiente, membre de la Maison perchée

« L’entourage des personnes atteintes de troubles psychiatriques est très démuni face au manque d’information, de sensibilisation. Cela retarde la prise en charge, or plus le diagnostic est posé tôt, mieux c’est pour la personne concernée et ses proches. ».

Imen EL BAKKALI, Cheffe du service des territoires à la Sous-direction de la prévention et de la protection de l'enfance de la ville de Paris

« Je peux témoigner d’un ressenti de très grandes difficultés de la part des professionnels de protection de l’enfance. 80% des travailleurs sociaux ne restent pas plus de deux ans, ce qui ajoute de la rupture à de multiples ruptures. »

Dr Maeva MUSSO, Psychiatre, Présidente de l'Association des Jeunes Psychiatres et des Jeunes Addictologues (AJPJA)

« Les dispositifs fonctionnent en silo. La sectorisation n’est pas la même entre la pédopsychiatrie, la psychiatrie adulte, l’aide sociale à l’enfance… Il faudrait agir sur les déterminants socio-économiques dès l’enfance et la jouer collective. »

Dr Christophe SCHMITT, Pédopsychiatre, Président de la conférence des PCME de CHS

« La force que nous avons, c’est le maillage territorial. Mais il ne peut fonctionner que si on a les personnes formées pour le faire vivre. Il faudrait une organisation qui permette d’accueillir de façon souple, non programmée les patients qui en ont besoin. »

En conclusion, Marie Daudé, Directrice générale de l'offre de soins est venue réaffirmer son soutien et celui du Ministère de la Santé à l’ensemble des professionnels engagés pour la psychiatrie publique, avant de rappeler les actions initiées à la DGOS pour améliorer l’offre sur l’ensemble des territoires. « Chaque année, nous faisons des efforts financiers importants pour la psychiatrie. Par exemple, en 2024, le budget alloué à la psychiatrie a été augmenté de 3% » souligne-t-elle.  Dans la lignée des annonces du ministère de la Santé le 11 juin dernier à l’occasion du comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie, trois axes majeurs sont définis : repérer, soigner, reconstruire. Avec un plan national de repérage et d’intervention précoce, une meilleure prise en charge avec une psychiatrie de proximité lisible et accessible, et un renforcement de la coordination des différents acteurs. Dès la rentrée, des groupes de travail seront organisés avec les parties prenantes, pour avancer sur ces axes là et identifier les moyens d’atteindre ces différents objectifs.

Marie DAUDÉ, Directrice générale de l'offre de soins, Ministère de la Santé

« Nous ne pouvons que nous réjouir que cette année soit placée sous le signe de la psychiatrie et de la santé mentale. A la DGOS, notre programme de travail est directement inspiré des annonces du Ministère de la santé le 11 juin dernier, lors du comité stratégique santé mentale et psychiatrie »

Le 3 juillet 2025, par Nadia Bastide-Sibille, rédactrice en chef adjointe de la RHF

Retourner en haut de la page