La FHF en action | Renforcer l’attractivité des métiers de la santé et du médico-social

Soignant et résident
Date de publication : 25 Avril 2022
Hôpitaux et établissements médico-sociaux publics sont confrontés à de lourdes difficultés de recrutement et de fidélisation des professionnels. Si certains métiers sont plus touchés que d’autres, le constat alerte sur la nécessité de reconstituer les viviers par la relance de la formation et une plus grande attractivité du secteur public de la santé.

Le contexte

Des professions féminisées, à faible revenu et aux horaires atypiques

Le secteur public hospitalier et médico-social compte près de 1,2 million de professionnels. Ce sont le plus souvent des femmes (77,6% des effectifs), avec des horaires de travail atypiques : seuls 25% des agents de la fonction publique hospitalière ont des horaires de travail considérés comme “standards” (lundi/vendredi, entre 7h et 20h). 

Leur salaire médian est de 1892 euros (contre un salaire médian de 1940 euros en France, selon l’Insee). 48,2% des agents appartiennent à la catégorie C, avec un faible niveau de revenus. 

Les professionnels du service public ont une triple mission : accueillir tous les patients, à toute heure, en tous points du territoire, quelle que soit la gravité de leur pathologie. Leurs compétences et leur dévouement au service des patients font la noblesse du service public hospitalier mais la difficulté de leur travail les expose aussi à un risque majeur de fatigue, voire d’épuisement et d’anxiété. 

L’hôpital public et plus encore les établissements médico-sociaux publics, loin d’être “sur-administrés”, sont sous-administrés.

Contrairement à certaines idées reçues, la part des professionnels administratifs a été réduite ces dernières années. Selon les données de la DREES, la filière administrative représentait 13% des 310 000 salariés du secteur hospitalier privé contre 10% du 1,05 million de salariés du secteur hospitalier public.

Moins identifiés comme recruteurs, les établissements peinent à être attractifs auprès de ces compétences indispensables.

D’importantes difficultés de recrutement

Dans une société de plus en plus attentive à l’équilibre vie professionnelle - vie personnelle, à la reconnaissance individuelle et aux conditions de travail, la fonction publique hospitalière peine à recruter. De nombreux postes ne sont pas pourvus à l’hôpital comme dans les Ehpad. Un constat qui vaut pour les médecins comme pour le personnel paramédical.

Côté praticiens hospitaliers publics, 30% des postes sont vacants. Mais ce chiffre cache d’importantes disparités, selon les spécialités. 

Pourcentage de postes vacants par spécialité (CNG)
Radiologie 46%
Ophtalmologie 48,4%
Oncologie médicale 40,2%
Anesthésie réanimation 40,5%
Chirurgie vasculaire 36,5%
Psychiatrie 35,5%
Médecine d’urgence 32%
Médecine générale 36%
Gériatrie 34%
Pédiatrie 25%

De même, 25 000 postes de professionnels paramédicaux sont vacants dont 4% à 5% des postes d’infirmiers et 2,5% des postes d’aides-soignants. 

  • Les tensions sont encore plus marquées pour les métiers d’infirmiers spécialisés (infirmiers de bloc opératoire et infirmiers anesthésistes notamment) et la filière rééducation (masseur-kinésithérapeute notamment).
  • Elles sont particulièrement fortes sur les postes d’infirmiers de nuit alors que l’organisation en 12h s’est fortement répandue.
  • La filière grand âge est peu attractive tant en gériatrie aiguë qu’en EHPAD.  

Les besoins sont particulièrement forts dans les territoires ruraux et/ou éloignés des métropoles. Ces difficultés ont de multiples causes : moindre accessibilité en transports en commun, notamment le week-end et aux horaires de travail des soignants, éloignement des lieux de formation médicale et des instituts de formation paramédicale, perte d’attractivité globale (peu d’emploi dans ces zones, peu de services pour les conjoints et les enfants)…

Mais une demande de soins exponentielle

Pourtant, les besoins de soins et d’accompagnement n’ont jamais été aussi forts en France, sous l’effet notamment de la hausse des maladies chroniques, du vieillissement de la population, des progrès continus des connaissances et techniques médicales… Sans oublier les situations sanitaires exceptionnelles - la pandémie COVID-19 nous le rappelle avec acuité - qui sont d’abord prises en charge et gérées par les établissements publics de santé.

30%

30% des postes de praticiens hospitaliers publics sont vacants. Ce chiffre cache d’importantes disparités, selon les spécialités.

25 000

25 000 postes de professionnels paramédicaux sont vacants, dont 4% à 5% des postes d’infirmiers et 2,5% des postes d’aides-soignants.

La FHF propose et agit

Engager les négociations avec les pouvoirs publics

L'attractivité des métiers médicaux et paramédicaux est l’une des priorités de la FHF depuis de nombreuses années. Depuis près de dix ans, elle tire la sonnette d’alarme face aux difficultés de recrutement que rencontre le service public hospitalier. Une première avancée s’est traduite en 2020 par la signature des Accords de Ségur, largement étendus au cours de l’année 2021 à la demande de la FHF et des professionnels du secteur.

Pour aller plus loin, la fédération demande le déploiement d’un grand plan de formation et de recrutement, la mise en place d’une réelle politique d’investissement dans les établissements et des programmes de recherche et d’innovation ambitieux. En parallèle, elle fait des propositions et développe des outils pour aider les établissements à renforcer leur attractivité.

Les négociations menées dans le cadre du Ségur de la santé par la FHF, trois organisations syndicales (CFDT, FO, UNSA) et le ministère de la santé ont abouti à la signature, le 13 juillet 2020, d’un protocole d’accord relatif aux personnels non-médicaux. À la clé : la création de nouveaux métiers, de nouveaux cadres d’organisation des soins et des revalorisations indiciaires.

Un simulateur a été réalisé par la FHF pour que les agents puissent estimer la revalorisation de leur traitement indiciaire à court, moyen et long terme.

Porter l’attractivité médicale au coeur du débat public

À travers des enquêtes, des sondages et des rapports, la fédération a multiplié les interventions pour que le sujet de l’attractivité des métiers médicaux et paramédicaux soit au cœur du débat public. Elle a également produit de nombreux outils (guide sur la médecine polyvalente, Mooc, guide pour la qualité de vie au travail… ) afin d’aider les établissements de santé et médico-sociaux à renforcer leur attractivité.

Chaque année, la FHF organise une journée Attractive Med, dans le cadre du salon SANTEXPO, en partenariat avec les étudiants en santé et les jeunes professionnels de santé. Les prix de l’attractivité médicale décernés lors de cette journée et les prix des Rencontres RH de la Santé valorisent les bonnes pratiques des établissements pour fidéliser leurs collaborateurs et améliorer les conditions de travail.

Des propositions en phase avec les besoins des territoires

Dans le cadre de sa plateforme Ambition Santé 2022, la FHF a émis de nombreuses propositions pour redonner leur juste place aux professionnels de santé.

Donner à l’hôpital les moyens d’assurer la permanence des soins

La FHF souhaite l'instauration d’un schéma régional de permanence des soins, commun à la ville et à l’hôpital ; une revalorisation des indemnités de permanence des soins et des astreintes ; la fin de l’intérim dérégulé ; le respect du repos de sécurité pour tous et la reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit.

Investir dans la formation des managers et la qualité de vie

Pour prendre soin des professionnels hospitaliers, la FHF recommande d’investir dans la formation managériale de tous les responsables et managers hospitaliers et de favoriser les initiatives visant à améliorer la qualité de vie (protection sociale complémentaire des agents publics hospitaliers, développement de solutions de garde d’enfants, etc.).

Valoriser les métiers de l’ombre

Au quotidien, hôpitaux et établissements médico-sociaux ont besoin de compétences logistiques, techniques, administratives et informatiques pour bien fonctionner. La FHF propose des mesures ambitieuses pour revaloriser les filières non soignantes.

Repenser les filières en santé

La FHF considère que des évolutions profondes sont nécessaires pour mettre en adéquation la formation des professionnels de santé et les besoins de santé de la population.

Reconstituer les viviers stratégique de recrutement en santé

Pour faire face aux besoins courants en santé et pouvoir réagir face aux crises, la FHF plaide pour une augmentation conséquente du nombre de médecins, d’infirmiers et d’aide-soignants formés, avec des moyens humains, financiers et logistiques supplémentaires. L’apprentissage doit être valorisé de même que la participation des praticiens hospitaliers aux missions d’enseignement. Dans le secteur du Grand Âge, la FHF considère que 100 000 postes supplémentaires doivent être créés d’ici à 2027 pour bien prendre en charge les personnes âgées.

Pour en savoir plus sur le diagnostic et les propositions défendues par la Fédération hospitalière de France dans le cadre de l'élection présidentielle et des législatives 2022, rendez-vous sur AmbitionSanté2022.fhf.fr

Vu du terrain

Les établissements rivalisent de projets pour améliorer la qualité de vie au travail de leurs collaborateurs. La FHF valorise ces initiatives à travers plusieurs prix. En voici deux exemples.

À Créteil, une application mobile pour les internes

Le Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil (CHIC) et le CHI de Villeneuve-Saint-Georges ont développé l’application InternApp, une application mobile destinée à leurs internes. Cette application, la première du genre, a obtenu le prix “Bonnes pratiques” décerné dans le cadre des Prix de l’attractivité médicale par la FHF et son partenaire. L’enjeu de cette application : faciliter l’intégration des internes au sein de leur hôpital et leur simplifier la vie pendant leur semestre d’internat. Concrètement, InternApp leur permet d’accéder à des outils essentiels pour leur exercice professionnel, notamment un annuaire de tous les services de l’établissement. InternApp leur propose aussi des calculateurs : clairance de la créatinine, IMC, âge gestationnel, calcémie… De son côté, la direction de l’hôpital peut leur envoyer directement des informations par notification push.

Les premiers résultats sont très positifs : l’application a déjà été téléchargée plus de 400 fois et une enquête, menée auprès des internes, révèle que cet outil leur est très utile au quotidien. Une V2 est d’ores et déjà en préparation !

À La Réunion, des lignes directrices de gestion communes

Le Groupement hospitalier du Territoire de La Réunion a obtenu le prix de l’innovation en ressources humaines pour son projet de lignes directrices de gestion (LDG). Il lui a été décerné par la FHF, l’adRHess et la MNH lors de l’édition 2021 des Rencontres RH de la santé

Élaborer les lignes directrices communes pour développer la formation managériale, améliorer la qualité de vie au travail, uniformiser la gestion des carrières et l’évaluation des compétences, et enfin renforcer les démarches d’attractivité, tels étaient les objectifs des quatre établissements hospitaliers de La Réunion avec ce projet. L’enjeu dans un contexte de forte tension sur les ressources humaines et sur un territoire insulaire : être solidaires entre établissements, voire complémentaires, et non pas concurrents ! 

Ce projet est le fruit d’une démarche de co-construction qui a associé les cadres des équipes RH des 4 établissements et de nombreux partenaires dont les organisations syndicales. Il a été adopté par les instances des hôpitaux en juin 2021.

Concrètement, cet accord a déjà permis de sécuriser le parcours de plusieurs dizaines de contractuels, en poste depuis plus de 4 ans. qui se sont vus proposer un contrat à durée indéterminée. Les autres dispositions concernent notamment les nouvelles procédures d'évaluation professionnelle et d'avancement de grade, des protocoles pour les métiers sensibles ou le plan de stagiairisation.

Les managers jouent un rôle majeur dans la mise en œuvre de ces LDG, en appui des DRH et des directions fonctionnelles. Des actions de formations et d'accompagnement des managers sont d’ailleurs prévues dans le cadre du projet d'établissement.

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