En psychiatrie, la démarche médicale consistait d'abord à établir un diagnostic, suivi d'un pronostic et d'une réponse thérapeutique. Au milieu du XXe siècle, la psychiatrie française opère une synthèse entre la classification d'Emil Kraepelin et la théorie psychanalytique. Elle s'adjoindra également la palette thérapeutique apportée par la découverte des neuroleptiques et autres psychotropes. La montée en puissance des théories cognitivo-comportementales, l'industrie pharmaceutique et les pressions des compagnies d'assurance ont imposé d'abord aux États-Unis, puis en Europe, la généralisation d'une nouvelle bible de la psychiatrie, le DSM. La démarche clinique a été remplacée par une avalanche de procédures et de protocoles déniant les processus psychiques. L'informaticien tendrait-il à évincer le clinicien?
Pour la médecine, et notamment la psychiatrie, le diagnostic n'appartient plus au psychiatre ni à l'institution hospitalière mais doit être partagé avec les usagers ; la loi en fait obligation à présent. Une certaine autonomisation de la pratique infirmière a favorisé la création d'un diagnostic infirmier spécifique. Au-delà des questions narcissiques qu'il engage, le diagnostic est devenu l'objet d'enjeux économiques importants : médication, remboursements, allocation pour handicap, T2A, VAP. Il est parfois âprement débattu par l'usager et sa famille, venus armés d'informations glanées sur internet.
Actuellement, tout se passe comme si connaître son diagnostic participait d'une forme active d'appartenance et de revendication sociale.
Au cours de ces journées, nous établirons les jalons d'une réflexion plurielle à partir de ces questions : comment concilier au quotidien prise en charge individualisée et relation intersubjective, face à un discours de maîtrise ou de victimisation ? Une éthique du diagnostic est-elle envisageable ? Comment annoncer un diagnostic sans en faire un couperet figeant le patient dans sa maladie ? Comment connaître les effets d'un diagnostic annoncé, tant sur le patient que sur la prise en charge par les soignants ? Des professionnels tels que les Docteurs Jacques HOCHMANN, Paul BERCHERIE ou encore Jean-Jacques KRESS interviendront sur le sujet (cf. programme joint) renseignements et inscriptions au secrétariat de l'APREPA : [email protected] - tél : 03 88 64 45 35